La Coupe du Monde 2014 au
« pays du football » approche. Les Pays-Bas, récurrent
épouvantail aux yeux de tous et finaliste de l'édition 2010,
seront de la partie. Quelle vision devons-nous avoir de cette équipe.
Favoris ? Outsider ? Eléments de réponse.
La « patte »
Van Gaal
Pour comprendre l'équipe
batave aujourd'hui il faut bien avoir en tête qu'il s'agit d'une
équipe dite en « reconstruction » après un Euro 2012
complètement ratée (trois défaites en autant de match). A l'issu
de ce naufrage, la fédération néerlandaise (KNVB) décide de
placer, ou plutôt replacer*, la sélection entre les mains de Louis
Van Gaal.
Ce dernier annonce toute
de suite la couleur en arrivant : les joueurs performants seront
sélectionnés. Certains en feront les frais à plus ou moins long
terme comme Wesley Sneijder, Maarten Stekelenburg, John Heitinga ou
encore Gregory Van Der Wiel. Van Gaal entreprend aussi une politique
de jeunesse (Daley Blind, Kevin Strootman, Stefan de Vrij ...).
Politique qui lui vaut les foudres de la presse locale qui juge
l'équipe insuffisamment expérimentée pour une Coupe du Monde.
Quand on connait le caractère de l'homme, les critiques ne le feront
pas changer d'avis.
Surtout, Van Gaal sait
s'entourer. Il appel ainsi à ses côtés deux gloires de l'Ajax
Amsterdam des années 1990, qu'il a bien connu pour les avoir mené
au titre de Champion d'Europe en 1995 : Danny Blind et Patrick
Kluivert.
Avec une équipe plutôt
jeune mais avec des éléments expérimentés et essentiels (Arjen
Robben, Robin Van Persie, Rafael Van der Vaart) et un staff qui l'est
tout autant, l'alchimie prend bien pendant la phase des
qualifications. Les Pays-Bas sont les premiers qualifiés après le
pays organisateur, le Brésil, avec un bilan de 9 victoires et 1 nul. La tactique de jeu repose sur un 4-3-3 tourné vers l'offensive. Les joueurs exercent un pressing assez haut et se projettent rapidement vers l'avant.
Le point faible : la
défense
Avec de telles
qualifications, il serait facile de se dire que les Pays-Bas
endossent le costume d'un favoris pour le mondial et que l'équipe
tourne très bien. Erreur. D'une part, les Pays-Bas ont presque
systématiquement survolés leur groupe de qualification pour une
grande compétition pour au final n'en gagner qu'une seule**. D'autre
part la défense inquiète.
Même si les chiffres ne
parlent pas en sa défaveur, la défense néerlandaise (5 buts
encaissés en qualification) est le véritable point faible de
l'équipe. Cette dernière pourrait d'ailleurs le payer très cher en
juin face à un groupe composé de l'Espagne, du Chili et de
l'Australie.
Le gros point
d'interrogation porte avant tout sur la charnière centrale. Les
ailiers semblent tenir la route : Daley Blind et Jetro Willems
sur le flanc gauche ; Daryl Janmaat, Ricardo Van Rhijn et
dernièrement Grégory Van der Wiel pour le flanc droit. En ce qui
concerne la défense centrale, Van Gaal a la volonté de s'appuyer
sur une charnière qui se connait, qui joue fréquemment ensemble et
qui possède donc des automatismes. Pour cela, il a appelé la jeune
paire du Feyenoord Rotterdam : Stefan de Vrij et Bruno Martins
Indi. Avec en complément récurrent, Ron Vlaar. Ces trois là,
souvent associés, semblent tenir la corde pour être au mondiale.
Cependant, leur
performance n'ont pas rassuré tout le monde. Face à l'Estonie en
qualification, la naïveté et l'attentisme était de mise.
Dernièrement, la charnière de Vrij-Vlaar a été alignée face au
Japon, une équipe présente au mondial, et le moins que l'on puisse
dire c'est qu'elle n'a tout simplement pas existé. Absente
physiquement, problème de placement, erreur de marquage et toujours
aussi naïve. Bref, pas au niveau d'un mondial. Van Gaal va devoir
travailler sur ce secteur s'il veut espérer briller dans la
compétition. Malheureusement pour lui, les solutions ne sont pas
nombreuse. Elles sont soit très jeune et donc sans expérience (Joël
Veltman, Stefano Denswil, Jeffrey Bruma) soit expérimentées mais en
manque de temps de jeu dans leur club (John Heitinga). Un sacré
casse tête.
Tout en attaque, comme
d'habitude ?
Cette philosophie de jeu
est bien connu du côté de Van Gaal qui prône un jeu très porté
vers l'avant. Quand on connait les Pays-Bas on comprend pourquoi.
A défaut d'avoir une
bonne défense, les Pays-Bas peuvent se targuer d'avoir, à
l'habitude, un secteur offensif très fourni. Il y a les habituels
Robin Van Persie, Arjen Robben, Dirk Kuyt, Rafael Van der Vaart,
Wesley Sneijder ou encore Juan Klaas Huntelaar. Ces joueurs là
auront sans aucun doute une motivation à toute épreuve pour
remporter enfin un titre international puisqu'il s'agit très
certainement de leur dernier mondial et peut-être même pour
certains de leur dernière compétition internationale. Des gros
noms, certes mais pour quel niveau ? Robben flambe avec le
Bayern mais c'est blessé dernièrement (en espérant pour lui que
cela n'annonce pas un cycle de blessures), Sneijder est en forme avec
Galatasaray mais ce n'est plus le Sneijder de 2010, Rafael Van der
Vaart est la pièce maitresse d'une équipe de Hambourg relayée au
second plan en Allemagne, Van Persie enchaîne les blessures en ce
moment (oui c'est léger pour tirer une conclusion sur le mondial,
mais Van Persie a du mal à se dégager des blessures, ce n'est pas
nouveau), Kuyt n'est pas mauvais à Fenerbahce mais n'est plus du
tout sur le devant de la scène et Huntelaar, blessé pour une longue
période, voit à peine le bout du tunnel et ne sera peut-être pas
au mieux pour la Coupe du Monde.
Van Gaal a aussi ajouté
de la jeunesse dans le secteur offensif : Siem de Jong, Memphis
Depay, Jeremain Lens, Georginio Wijnaldum ou encore Luciano Narsingh.
De bons voir très bons jeunes joueurs mais sans doute trop tendre
pour ce mondial et plutôt parfait pour l'Euro 2016. Surtout quand on
voit que Van Gaal considère Siem De Jong comme remplaçant de Van
Persie en numéro 9 alors que le garçon est plus milieu offensif.
Difficile de tenir la comparaison pour lui et d'être aussi
performant. Sur les ailes, Depay est encore jeune mais très
prometteur pour l'avenir alors que Lens semble être le titulaire
dans l'esprit de Van Gaal en enchaînant les matchs et en étant
performant. Mais force est de constater que le banc n'est pas
vraiment rassurant.
Au milieu de terrain, Van
Gaal s'appuie sur cinq joueurs : Wesley Sneijder, Kevin
Strootman, Rafael Van der Vaart, Nigel De Jong et Stijn Shaars. Un
milieu assez fourni et expérimenté. Dans ce secteur, Van Gaal a
aussi introduit de la jeunesse avec le talentueux Jordi Clasie et les
deux milieux de Première Ligue, Leroy Fer et Jonathan De Guzman.
Difficile de prévoir qui seront les élus pour le mondial.
Un début de mondial
décisif
Les Pays-Bas sont tombés
dans un groupe que beaucoup qualifierait de facile pour eux :
Espagne, Chili et Australie. Si l'Australie semble être le
partenaire d'entraînement, le Chili et l'Espagne seront difficiles à
battre pour cette équipe hollandaise en difficulté défensivement.
Surtout, les Pays-Bas
vont ouvrir la compétition face à l'Espagne. Remake de la dernière
finale d'entrée. Ce match est déjà cruciale. Un résultat négatif
pourrait déjà mettre en difficulté les Bataves. Je ne parle pas au
niveau du classement, mais au niveau des égos. Un début de
compétition raté en 2012, on a vu la suite avec un vestiaire qui a
explosé et des joueurs qui ne s'entendaient pas avec des clans. Cela
peut se reproduire en 2014, c'est une des craintes que peuvent avoir
les supporters.
Les Pays-Bas ne sont pas
favoris pour cette Coupe du Monde. Les Bataves partent avec un trop
gros handicap défensif pour prétendre au titre. Comme outsider ?
Pourquoi pas mais il faudrait que la tactique du jeu ultra offensif
fonctionne à merveille. Leur point positif, c'est qu'il s'agit sans
doute du dernier mondial pour une « génération pas encore
dorée » qui voudra mettre un point d'honneur à étoffer le
palmarès très maigre d'un grand pays du football. Et il s'agit
aussi de la seule compétition que dirigera Louis Van Gaal, qui a
déjà annoncé son départ. A parier qu'il voudra faire taire ses
détracteurs. L'envie de bien faire sera présente.
Personnellement, je vois
les Pays-Bas sortir très tôt de la compétition (groupe ou
huitième) pour la simple raison que l'équipe ne repose que sur un
onze et n'a pas de réelles solutions efficaces sur le banc si les choses
tournent mal. La jeunesse est aussi un handicap, une équipe aussi
jeune ne peut qu'apprendre d'un mondial en vue d'un autre grand
rendez-vous qui sera l'Euro 2016.
* Louis Van Gaal a dirigé
la sélection hollandaise entre 2000 et 2002.
** L'Euro 1988 en
Allemagne face à l'URSS en finale avec le célèbre but de Marco Van
Basten.
Article a retrouvé aussi sur bein your zone : http://yourzone.beinsports.fr/pays-bas-favori-ou-simple-outsider/
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